Pour le plaisir de raconter quelque chose, je me suis inspiré d’un beau texte écrit par jbt sur le Flatistan et que j’ai arrangé à ma sauce.
Moi, j'aime rouler en side-car parce qu’il me procure des sensations à nul autre pareil. Où qu’on aille, il fait sourire jeune et vieux et attire la sympathie de tous ceux qu’on croise. Les questions fusent. "Est-ce une BMW ?" Non, ce n'est pas une BMW ! Les motards non-initiés ont tous la même remarque à la bouche : « Le side-car allie les désavantages de la moto et de la voiture … ». C’est une façon bien simpliste de voir les choses. Le side-car n’est, ni une moto, ni une voiture. C’est un engin à part.
Il est tellement particulier, qu’il en est presque l’opposé de la moto. Avec une moto, on fait corps ; elle devient un prolongement de son propre corps. Les efforts consentis se ressentent dans son axe, le long de la colonne, du haut jusqu’au bas. Freinage, accélération, compression, détente, tout fait basculer les corps selon cet axe vertical.
Le side-car ajoute à cela une contrainte latérale. Du coup, les repose-pieds ne reposent plus rien, car il faut pousser sur les pieds, les changer de position. Tous les muscles des jambes participent à l’effort. Un side-car a sa propre vie, dont le panier est le cœur. L’ensemble veut aller là où il lui plait ou où il est obligé d’aller, contraint par les inégalités du revêtement. S’il est bien carrossé, il ira tout droit en droite ligne, mais à la moindre accélération ou freinage il tirera à droite ou à gauche. C’est alors que les muscles des épaules et des bras du conducteur sont mis à rude épreuve. Les muscles paravertébraux ne restent pas inactifs, ni la ceinture abdominale. Tout chatouille, se masse, se durcit, s’endolorit. On débute en side-car malingre ; on finit en athlète décathlonien.
Le side-car se rappelle en permanence à son bon souvenir et ce rappel consiste à préciser à chaque virage, chaque freinage, chaque accélération, qu'il est là et qu'il fera ce qu'il veut si nous n'étions pas là pour freiner ses ardeurs. C'est dans sa nature d'être foireux sur une trajectoire ou facétieux lors du passage d'un nid de poule. Il est hors de question qu’il devienne un jour le prolongement de l’anatomie du conducteur. S’il devait être comparé à un organe supplémentaire, ce serait plutôt à un goitre.
Le side-car s’impose comme une ombre, comme une présence permanente, qui participe à la conduite, mais la contrecarre aussi. Alors que tant de motos sont ennuyeuses à mourir à force de perfection et de facilité, en side-car, on n’est jamais seul, on ne s’ennuie jamais.
Hélas, la conduite d’un side-car est assez physique et mon physique est, non seulement devenu moche, mais mou aussi. Bonjour vieillesse !
Dans un autre article, le même auteur dit ceci : « En side-car, quoi qu’on fasse, on se plante, que ce soit à 5, à 50, à 500, à 5.000km, … un jour on se plante. » C’est une lapalissade. Préparé, conditionné, les réflexes en éveil, moi aussi je me suis planté un jour.