AccueilAccueil  ÉvènementsÉvènements  PublicationsPublications  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet
 

 "Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Guillaume
Admin
Guillaume


Localisation : Kissamos - Chania - Crete

"Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō Empty
MessageSujet: "Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō   "Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō EmptyMar 6 Déc 2022 - 10:51

L’auteur allemand E. Herrigel a publié un livre intitulé Le Zen dans l’Art chevaleresque du tir à l’arc. Ce livre m’a beaucoup impressionné. Être zen consiste à vivre dans le présent, dans l'ici et maintenant, sans espoir ni crainte. Il n’a pas de but, mais il aide à la connaissance de soi-même et à la découverte de sa vraie nature. Dans son livre, l’auteur explique comment y parvenir en pratiquant le tir à l’arc selon la tradition.

Certains arts comme la peinture, la calligraphie, la poésie, le jardinage, parmi d'autres, sont utilisés dans le cadre de l'entraînement et de la pratique du zen. L'art et la culture japonais ont été fortement influencés par le zen depuis son introduction sur l'île au XIIIe siècle, notamment par la pratique du zazen. Une culture et une esthétique nourries de zen se sont formées et développées à travers différentes voies (Dō) : Budō, la voie du guerrier ou des arts martiaux, Sadō (anciennement Chadō), la voie de la cérémonie du thé, Shodō, la voie de l'écriture (calligraphie) et tant d’autres.

Avant de devenir une technique guerrière, le tir à l’arc est avant tout un mode de chasse. Dans les temps modernes, c’est une activité sportive. Au Japon, il est et a toujours été un Art. Car il y a deux façons d’aborder le tir à l’arc : l’efficacité ou la méditation transcendantale. L’efficacité recherche le score, la compétition, le résultat ; l’archer a à sa disposition les outils pour montrer sa valeur : l’arc, la flèche, la cible. Dans le kyūdō, la voie de l’arc ou encore l’Art chevaleresque du tir à l’arc, l’archer recherche la vérité, la vertu et la beauté dans une « méditation silencieuse » lors de laquelle l’arc, la flèche et la cible ne sont pas des outils, mais une voie : l’archer est l’arc, il est la flèche et il est la cible. Pour nous Occidentaux cette philosophie, cette perception de la vie et du monde, est difficilement compréhensible, mais dès qu’on s’y attarde, elle devient limpide. La voie de l’arc est, parmi les arts martiaux – dans son acceptation la plus étendue –, la plus complète et la plus belle. Elle n’implique que la personne qui la pratique ; il n’y a pas de concurrents.

Pourquoi parler de méditation dans un livre dédié aux motos ? Parce que « être motard » s’apparente à pratiquer le kyūdō. Historiquement, la moto est d’abord le moyen de locomotion du moins-nanti, un outil, rapidement supplanté par l’automobile, avant de devenir une activité sportive et un objet-passion ou objet-loisir.
 
Les sociologues et ethnologues ont épluché la dialectique moto/motard/environnement et vous racontent en phrases redondantes l’analyse de leurs observations. Leurs études sont étroites ; leurs trames quasi identiques : les motards franciliens, deux groupes de motards à l’âge adulte, les motards sportifs en Grèce, les motards bruyants en Allemagne et en Autriche, … Le motard est déviant et dangereux. Laissons-les donc et discutons entre motards de la façon de pratiquer la moto. Il y en a deux.

La première, la plus évidente et la plus courante : devoir – vouloir. On doit aller au travail, en vacances, à une rencontre, etc. et on veut prendre sa moto pour aller d’un point A à un point B, recherchant le plaisir du pilotage, mais avec une destination précise en tête. Toutes les nuances imaginables entrent dans cette première catégorie : la vitesse, les arsouilles, les wheelings, … lors desquels le pilote d’une moto – et je ne dis pas le motard – croit se prouver quelque chose qu’il ne sait pas définir lui-même, si ce n’est par le mot « liberté ». Or la liberté individuelle s’arrête là où la liberté collective, environnementale, c’est-à-dire la tolérance, le respect d’autrui et la sécurité prévalent.
J’y associe aussi ceux pour qui « rouler à du 80 est dangereux, on se déconcentre ». Pour eux, la moto est un véhicule, un outil et la route un espace qu’ils préfèreraient ne pas partager. Ils en sont encore au b.a.-ba de la motardise, pour employer un néologisme : moto-objet / homme-viril / route-mienne, sous-entendu : je veux pouvoir faire avec mon outil-moto ce que je veux, comme je le veux, quand et où je le veux. Pour justifier leur attitude, ils font appel à des exemples, à des statistiques, à des rumeurs, se présentant comme l’élite de la route et rejetant systématiquement le mal et les inconvénients sur autrui, de préférence sur les politiques, êtres malsains, vicieux, incompétents, … pour lesquels « le peuple, toujours en colère », dont ils font partie, a pourtant voté. On trouve toujours un bâton pour frapper un chien.

La seconde est plus subtile : l’être-moto. On décide de prendre sa moto et de partir, dans n’importe quelle direction, ayant ou n’ayant pas un but précis. Dans ce cas, on n’est pas assis sur la moto, on est la moto et le but est soi-même. La route glisse ; les autres usagers sont perçus mais non-existants ; on les croise harmonieusement dans un état d’esprit défini comme « état d’alerte relâché ». C’est la voie du motard : celle de la vérité, de la vertu (bonté et tolérance) et de la beauté.

Être motard est en soi une belle façon de vivre une passion, pour autant que le motard réalise pleinement qu’il s’inscrit dans un espace-temps partagé. S’il veut connaitre un jour la Voie du motard, il est complètement inutile de vouloir à tout prix changer le monde, c’est-à-dire les autres, les autres usagers de la route ; vouloir qu’ils se plient à ses exigences, à ses désirs, à sa façon d’occuper l’espace-route, mais plutôt de considérer les autres, non pas comme des ennemis potentiels, non pas comme des intrus, mais comme des non-êtres. Il doit se dire : « Ils sont là, je les respecte, mais ils m’indiffèrent, ils sont en-dehors de mon moi. Quoi qu’ils fassent, cela me laisse froid. Mon but est au-delà de ces contingences. J’intériorise mes sensations, mon plaisir aussi. Je reste concentré et détaché à la fois. Mon but est de devenir meilleur, non pas tant dans l’art du pilotage moto, mais dans l’art d’être un moi, sur la Voie du motard. Tout comme le pratiquant du tir à l’arc, je dois posséder : discipline, modestie, amabilité, respect, maîtrise de soi et pondération. Je pourrais ainsi m’acheminer dans la voie de l’accomplissement, dans l’aspiration à comprendre ce que sont :

La vérité : la moto, non pas l’objet, ni l’outil, mais ce qu’elle représente ; son parfait état de marche, sa propreté, le son de son moteur.
 
La vertu, laquelle sous-entend la bonté et la tolérance : être d’une humeur égale quel que soit l’événement ; être détaché de ses sentiments ; gérer les conflits. Afin d’améliorer son caractère et ainsi de tendre vers la perfection, il faut respecter l'étiquette ou la bienveillance. 

L'étiquette exprime le respect envers les autres et envers le matériel.
 
La beauté s’exprime par une tenue appropriée, digne, évitant d’être choquante ; par un pilotage fluide, en harmonie avec et respectant son environnement ; par une attitude noble en toutes circonstances.

Qui suis-je, comment suis-je, moi, motard, dans ma façon d’être et d’agir face à moi-même et à mon environnement ? Si ne fût-ce qu’un d’entre vous y prêtât attention, cette réflexion n’aura pas été inutile.

Il faut des dizaines d’années pour devenir un pratiquant accompli du kyūdō. Il en faut bien autant pour devenir un motard digne de ce nom. Comme le disait si bien Virgile : "Apparent rari nantes in gurgite vasto" (il y eût peu de surnageants dans l’immense abîme), autrement dit : "il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus".

_________________
Du choc des esprits jaillit la lumière.
Revenir en haut Aller en bas
https://sidecar-changjiang.forumactif.com
YVUS

YVUS


Localisation : le beaujolais sud

"Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō Empty
MessageSujet: Re: "Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō   "Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō EmptyMer 7 Déc 2022 - 20:09

Pfffuiiiiiii! Ca vole haut.
Quoi que, y'a des phrases qui me parlent là dedans... ça me parle même carrément !!
Bon, je l'imprime, et je vais me le relire à tête reposée.
Revenir en haut Aller en bas
 
"Être motard" s'apparente à pratiquer le kyūdō
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Le trio idéal du motard
» Chris5 Motard en recherche d’un side
» Bonjour du Pays Basque

Permission de ce forum:Vous pouvez répondre aux sujets dans ce forum
SIDECAR CHANG JIANG CJ650 :: LE BISTROT :: LE FORUM-
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujetSauter vers: